Remontées mécaniques, dispositifs d’enneigement, auberges de montagne: à première vue, les sports d’hiver ne semblent pas vraiment écologiques. A moins de miser sur des énergies renouvelables.
Les hivers sont de plus en plus courts, comme l’a récemment noté la star du ski Daniel Yule. «Cette période en est l’illustration parfaite, dit-il: début décembre, il n’y presque pas de neige. Bien sûr, c’est déjà arrivé, mais j’ai l’impression que c’est de plus en plus souvent le cas.» Il le constate aussi en tant que professionnel. Il semble que tout soit fait pour que les sportifs puissent concourir dans de bonnes conditions, «mais quand j’étais enfant, je suis certain de ne pas avoir autant skié sous la pluie.»
L’impression de Daniel Yule ne trompe pas. le changement climatique se fait ressentir. Un simple mois de novembre peu enneigé ne constitue évidemment pas une preuve scientifique suffisante, mais les scénarios climatiques de l’Office fédéral de météorologie et de climatologie indiquent, dans le rapport «CH2018», que le nombre de jours de neige à basse altitude a déjà été divisé par deux depuis 1970. En outre, les glaciers suisses ont perdu près de 60% de leur volume depuis 1850. Daniel Yule se fait du souci pour le climat.
«J’espère que mes enfants pourront encore skier.» Daniel Yule
Prévoir pour la prochaine génération
Sports d’hiver et durabilité sont-ils donc incompatibles? Pas si l’on pense à demain dès aujourd’hui et que l’on agit en conséquence. Le Matterhorn Glacier Paradise de Zermatt, situé à 3’883 mètres d’altitude, prouve qu’un établissement de sports d’hiver peut être conçu de manière compatible avec les impératifs environnementaux. «Nous devons adopter une attitude responsable vis-à-vis de notre nature et penser aux générations futures», déclare Kurt Guntli, CEO adjoint et responsable du département Electricité des Remontées mécaniques de Zermatt.
«L’esprit pionnier et la mentalité d’innovation doivent se compléter à tous les niveaux, car ils jouent un rôle essentiel dans la gestion des domaines skiables», explique Kurt Guntli. L’installation photovoltaïque permet de couvrir une partie des besoins énergétiques de cette station supérieure, la plus haute d’Europe. Les 195 mètres carrés de modules solaires fournissent en moyenne 35’000 kilowattheures par an. Selon Marc Hauser, ingénieur en énergie éolienne et solaire chez BKW, ce volume correspond à la consommation annuelle de dix ménages. A l’été 2019, il a entièrement rénové l’installation photovoltaïque du Petit Cervin, en service depuis 2009. Les remontées mécaniques de Zermatt se sont donné depuis longtemps pour mission d’agir selon une conscience durable avec le label Management environnemental et la certification «ISO 14001». Les clients apprécient: «Nous avons de très nombreux retours positifs», indique Kurt Guntli.
Le projet de BKW, distingué en 2010 par le Prix Solaire Suisse, est extrêmement efficace: il produit près de 80% d’énergie de plus qu’une installation photovoltaïque en plaine. Plusieurs facteurs expliquent ce bon rendement, explique Marc Hauser. D’une part, le climat qui règne à 3’883 mètres d’altitude. «Tous les 10 degrés en moins, ce sont environ 4% de puissance en plus», poursuit Marc Hauser. Mais l’élément le plus important reste la neige qui réfléchit la lumière. «Nous bénéficions donc du rayonnement direct du soleil sur les panneaux, mais aussi de la grande quantité de rayons réfléchis par le sol.»

Utiliser des énergies renouvelables
Pour l’expert BKW, la situation exposée dans les Alpes est une vraie opportunité. Les localités sous les pistes bénéficient en effet d’un rayonnement solaire plus important et d’une quantité de lumière réfléchie plus grande. Pour lui, la durabilité et le ski ne s’excluent donc pas. Kurt Guntli est aussi convaincu que «le secteur des sports d’hiver peut faire l’objet d’une exploitation majoritairement durable, malgré les opérations complexes de préparation des pistes et les dispositifs d’enneigement, indispensables pour assurer la tenue de ces sports.»
Marc Hauser, l’expert de BKW, surenchérit: «On peut largement couvrir l’exploitation des domaines skiables avec des énergies renouvelables. Et là, je ne pense pas seulement à l’énergie photovoltaïque, mais aussi à l’hydraulique et à l’éolien.» Selon lui, la véritable difficulté en termes de protection de l’environnement se situerait plutôt au niveau des comportements de voyage.
«On peut largement couvrir l’exploitation des domaines skiables avec des énergies renouvelables.» Marc Hauser, expert BKW en énergie éolienne et solaire